Einar Kleve

Écrivain

Je définirais mon projet littéraire comme une volonté, en évolution constante, de m'exprimer le plus honnêtement possible et sans le moins d'autocensure possible, dans une œuvre singulière qui emprunte tour à tour à plusieurs genres (essai, poésie, roman,...), parfois au sein d'un même livre.

D'une manière générale, j'essaie toujours de saisir avec une approche mi-féroce mi-comique notre monde contemporain, en utilisant comme alibi une fiction dans laquelle j'insère des éléments (articles de presse, publicités, émissions de télé, citations de sociologues, de philosophes, d'écrivains, etc.) pour appuyer mon propos, qui peut parfois prendre l'aspect d'un pastiche de l'un ou l'autre niveau de narration.

Einar Kleve naît à Bruxelles le 16 novembre 1976 d’une mère iranienne et d’un père norvégien, tous deux violonistes professionnels dans un orchestre symphonique.

Né norvégien par son père, il acquiert la nationalité belge dès l’âge de dix-huit ans.

Il baigne très vite dans un climat artistique et musical riche et varié. En outre, ses parents lui donnent le goût de la lecture, et l’école lui enseigne le minimum d’esprit critique, qu’il développera allègrement plus tard.

Séjourne en Norvège avec ses parents et sa sœur pendant l’année scolaire 1986-1987.

Il étudie la musique à l’académie de Saint-Gilles à Bruxelles et commence la batterie en 1994, à l’âge de dix-sept ans, participant à des stages de jazz où il perfectionne son jeu, mais c'est le rock'n'roll qui prend possession de son corps et de son âme, sans oublier plus tard les multiples concertos pour piano (Rachmaninov et Camille Saint-Saëns principalement) qui transporteront notre héros aux cimes du firmament étoilé cosmique.

Vers l’âge de vingt ans il commence à écrire de manière plus libre, afin de dégager des potentialités qui ne demandent qu’à s’exprimer et que ses études de sciences politiques un peu trop hum... théoriques semblent tour à tour aiguiser ou, au contraire, freiner.

Il part en Italie, à Turin, en 1998 (dans le cadre de l’échange universitaire Erasmus-Socrates) et à Londres en 1999. Après ses études à l’Université dite libre de Bruxelles au terme desquelles il obtient la licence en 2002, il se consacre davantage à la littérature et à la musique – il a joué de la batterie dans plusieurs groupes – et à la découverte du pays d’origine de sa mère, l’Iran, en 1997, 2002 et 2003, ce qui donnera matière à son premier livre, "Le jeu des relations humaines", écrit en 2004 mais publié deux ans plus tard.

Voyage au Québec en 2004 et au Sénégal en 2007, sans compter de fréquents séjours un peu partout en Europe.

Diplômé de l’Alliance Française, professeur de français langue étrangère, il publie son premier livre, "Le jeu des relations humaines" aux éditions Chloé des Lys en septembre 2006.

Dans ce premier roman, le lecteur suit le parcours du héros, Arman, dans la civilisation qui est la sienne. Arman est un jeune homme qui aspire, on le comprend rapidement, à écrire.

Le lecteur le verra également voyager de Bruxelles en Orient – notamment dans un Régime d’occupation fort troublant et qui ne dit pas son nom – en passant par la Méditerranée ; notre héros sera soumis à de multiples aventures et questionnements desquels amours, intellect, monde du travail, thérapies et bien d’autres surprises grinçantes ne seront pas absents.

En juin 2007, Einar Kleve termine "Le Fiel et le Miel", court livre de poésie non publié à ce jour, que l'auteur mettra à jour en 2022 avec en première partie un recueil intitulé "Les Lunettes Cosmiques", non encore édité.

En 2009, il met un point final à un roman, "Garcisse", publié à nouveau par Chloé des Lys en septembre 2011 :

Jeu de mots entre « garce » et « narcisse ». C'est l'histoire d'une jeune femme d'origine flamande, Liesbeth, qui se dénude devant une webcam, et de son frère cadet, Herman, qui étudie le journalisme et s’exerce dans le mannequinat pour arrondir ses fins de mois. Il est également très féru de musique rock et joue comme claviériste dans un groupe. Nos deux jeunes gens sont pris au piège d'une modernité criarde un peu bébête mais subtilement angoissante. Ils se retrouvent à critiquer allègrement – et dans la solitude – le monde dans lequel ils sont plongés.

Einar Kleve continue d’écrire inlassablement dans ses carnets. En 2012, il est engagé comme assistant administratif dans une administration communale bruxelloise jusque fin 2013.

En 2017, il achève "Croquis du monde mutant", un court recueil de poésie publié par l’éditeur Prem’Edit en mars 2019.

Depuis l'été 2018, après deux ans de formation, il exerce le métier d’aide-soignant à domicile.

En septembre 2022 paraît chez Prem'Edit son livre qu'il estime le plus abouti à ce jour, "La Grande Farandole", un roman dont il faudra définir le genre, car il est à la croisée de plusieurs humeurs... :

Roman incisif pétri de farce et de satire, "La Grande Farandole" se veut un pied de nez tragicomique à son époque en mettant en scène deux personnages trentenaires dans les années 2010, Arman et Claire. Elle travaille dans une pharmacie, lui est bénévole dans une maison d'édition universitaire. Chacun comble sa solitude comme il le peut... jusqu'à l'explosion finale comiquement science-fictionesque.

Interview avec Prem'Edit pour la sortie de Croquis du monde mutant en mars 2019

 

Comment vous est venue l’idée de ce livre et l’envie de l’écrire ?

J'écrivais par bribes dans mes carnets depuis la fin de l'adolescence. C'est vers 2006 que l'écrivain Philippe Muray (et son recueil Minimum Respect) m'a donné envie de me mettre à la poésie que je qualifierai de « tragicomique » bien que cela soit très réducteur...

J'ai donc compilé, modifié et complété ce que j'ai accumulé des années durant dans mes différents carnets, et le résultat partiel donne ce livre.

Ce recueil consiste pour l'essentiel en poèmes, libres ou librement versifiés, et courts textes dont la plupart se veulent incisifs, satiriques, tragicomiques, axés sur la politique - l'Europe, Bruxelles... - la culture (la musique, les festivals,...), l'économie (travail, chômage), la belgitude, le journalisme, etc.

J'avais envie de déceler une certaine « mutation » de l'humanité engendrée par une consommation effrénée et par l'absorption d'écrans de toutes sortes. Je me suis amusé aussi à brocarder la publicité ainsi que les industries alimentaires et du divertissement – ce qui, je le concède, paraît un peu cliché et redondant présenté ainsi ! C'est pour cette raison que l'humour n'est jamais loin, enfin je l'espère.

D'autres poèmes  sont en revanche plus traditionnellement « poétiques », empreints d'amour et de tendresse, exprimant la sagesse de la nature.

J'ai tenté aussi de jouer sur la langue, en réinventant de nouveaux mots ou en détournant certains de leur sens initial.

J'essaie toujours de saisir avec un humour féroce notre monde contemporain. On peut voir ces textes comme atypiques, agressifs ou désordonnés, mais je crois qu’il faut les considérer comme une sorte de puzzle de notre époque.

Comment vous est venue l’idée de le publier ?

Naturellement je me disais qu'un livre dit de poésie pouvait toucher des gens car j'y expérimente une autre forme que lors de mes deux livres précédents... C'est censé être brut et amusant, satirique, rentre-dedans, émouvant aussi... J'avais envie qu'il soit publié pour partager tout cela avec les lecteurs.

Comment avez-vous connu Prem’Edit et comment vous est venue l’idée de cet éditeur original ?

Une amie a un parent édité chez eux et m'a conseillé de leur envoyer mon recueil, d'autant qu'un jeune Belge y a été édité ; Prem'Edit a publié son recueil de nouvelles percutantes qui se déroulent à Bruxelles.

J'aime bien le côté humble de cette maison, ainsi que sa volonté de sortir les talents cachés... En outre leur comité de lecture a un fonctionnement citoyen, il n'est pas composé que de « pontes » ou de professeurs, etc.

Quelle question souhaiteriez-vous qu’un journaliste vous pose ? Répondez-y.

" Pourquoi écrivez-vous ? "

Pour quoi ou pourquoi ?

" Pourquoi, la cause. "

Sans doute en partie parce que tout ce que je n'arrive pas à exprimer oralement, je le fais par écrit, je trouve ça plus complet, précis et moins binaire. Et j'y prends beaucoup de plaisir, un plaisir solitaire évidemment, à la base, à partager ensuite quand on me lit (mais c'est un partage silencieux, sauf si on déclame les textes en public).

" Et pour quoi ? Dans quel but ? "

Peut-être est-ce mon moyen d'expression favori pour mettre à nu et déceler diverses choses et autres de notre monde fascinant... Tout ceci très subjectivement bien sûr. Je ne prétends pas détenir la vérité, cela va sans dire. J'écris aussi pour me divertir et j'espère pour divertir les lecteurs aussi.

Bien évidemment, je me suis mis dans cette fonction pour élaborer et partager ma vision du Monde, mais aussi parler des sujets qui fâchent...

Je pense que ma vision littéraire est un mélange entre satire et poésie, pour résumer grossièrement.

Immortalité, réflexions sur Made in China

Bruxelles, capitale parmi d'autres d'un Monde tel qu'on croit le voir,

Mars 2017

J'ai quarante ans ! Vous vous en fichez certainement, mais je me sens heureux lorsque je me trouve sur ma terrasse et que j'observe les abeilles ; quand arrivent le printemps et le soleil, elles s'activent à l'intérieur et à l'extérieur du petit bloc de béton et d'argile que j'ai acheté il y a quelques années et installé contre le mur. Je dénombre une petite dizaine d'individus ; ce sont des abeilles maçonnes, elles colonisent l'intérieur des tiges creuses de bambou créées dans le bloc. À la fin du printemps, elles finissent par boucher l'extrémité des tiges par un mélange de terre et de sable afin de protéger leurs œufs qui écloront l'année suivante. Elles meurent ensuite, leurs cadavres jonchant le balcon.

I am not immortal.
L'être humain n'est pas immortel, mais il renaît, constamment.
À n'importe quel âge, je nais, je vis, je meurs, je renais.
Je suis éternel ; toi aussi.

Je viens de me promener dans le parc près de chez moi. Mes yeux considèrent ce parc en couleurs, mais je sens qu'un rien le métamorphoserait en noir et en blanc.
Par contre, il fait gris et frisquet. Dès lors, j'ai placé un bonnet sur mon crâne, ce fameux bonnet Made In China qui m'a coûté relativement cher chez AS Adventures et qui depuis le premier jour s'effiloche, telle une fausse note pendant un concert. Je suis allé réclamer, comme on dit ; on m'en a filé un autre, mais le même problème de détricotage a surgi.

Made In China, c'est quoi le problème ?

Je marche et je pense. Le Monde, c'est quoi ? Vivre dans ce Monde, ce bordel dont on a tiré le terme de mondialisation afin de justifier le tout et son contraire.

La Chine en marche, argh... gloub gloub gloub... vers les clichés orwelliens ?

Ces clichés que je médite avec vous seraient-ils le reflet d'un monde teinté d'apocalypse, d'angoisse, de solitude et d'incommunicabilité ? Brrrr.... telle une sad song de Radiohead ou de Joy Division, et blablabla pour se la jouer arty ?
J'absorbe sur écran, depuis beaucoup trop longtemps à présent, et comme des milliers d'autres angoissés sûrement, des articles déprimants parce que contenant certainement des doses de vérité hautement chargées en douleurs de toutes sortes.
Du fruit de ces lectures, j'en arrive à me demander si cette troisième guerre mondiale dont la presse en général craint l'arrivée – en fait, à force d'en parler, cette coquine la suscite – va se concrétiser ou non.
Alors, évidemment, nous baignons déjà dans la troisième, ou quatrième, ou cinquième, ou quarante-huitième ou millième guerre mondiale, au choix, puisque c'est le propre de l'énergie maléfique d'une époque que de perpétuer une guerre à n'en plus finir à l'aide de moyens bien plus efficaces que le spectacle d'un blockbuster.

Un Monde qui n'est pas en paix se nourrit de la guerre.

Chacun, dans sa solitude muette et incommunicable, ne vit-il pas sa petite guerre mondiale à lui, imbriqué dans les affres d'un wagon de métro, d'une publicité cocasse ou grotesque, d'une usine robotique, d'un ciel rempli de nuages polluants, que sais-je encore, symboles des mégapoles sans issue vers un ciel non-pervenche ?

Ouh bon Dieu, comme c'est cliché ! Troisième guerre mondiale, incommunicabilité, solitude, angoisse, etc.

J'oubliais : panique en ville ! Cliché et banal aussi. À moins que... Pour certaines personnes, la panique ne relève pas du cliché ou de l'abstrait ; c'est très concret. Sommes-nous parvenus au point où le degré de modernité soit à ce point devenu incandescent qu'il irradie corps et esprit des humains qui y sont réceptifs ?
La ville, berceau d'angoisse, source de panique, mais aussi de son extrémité, sérénité et paix ?
La Chine, voguant entre panique/angoisse et paix/sérénité, a les yeux braqués sur elle depuis les industriels affamés jusqu'au gratin des politiciens affairistes, en passant par le spéculateurs de l'art dit moderne.

J'écris des clichés et mon iFuk en réalise. L’œil de son objectif tend à exposer un Monde s'activant poétiquement et subjectivement sous ses yeux certainement ébahis, émerveillés ; excité qu'il est aussi, j'en suis sûr, après une journée de travail, de pouvoir sortir et pénétrer la ville et de faire l'amour avec elle grâce à son objectif magique.

Peut-être l'iFuk a-t-il accédé progressivement à un état d'ouverture et d'acceptation telle que la Chine la lui enseigne, ah la Chine ! Empire bercé depuis des milliers d'années par un bouddhisme désormais urbanisé, décomplexé et aussi euh, ouvert sur la modernité, comme le déclamerait un politicien ou un magazine branché ?

Le Monde n'est pas un panorama.
Le Monde est la représentation que j'en ai, écrivait le philosophe allemand Arthur Schopenhauer dans son œuvre principale Le Monde comme volonté et comme représentation.

Le fait apparemment trivial de voir, de posséder deux yeux constitue en soi un bien inestimable, même si ces organes sont probablement à la source des nombreuses illusions et malentendus ayant parsemé l'histoire de l'humanité.
Nous croyons voir quelque chose et c'est autre chose qui apparaît. Le surréalisme était venu rappeler cette évidence il y a presque un siècle, évidence que les sages avaient déjà assimilée des milliers d'années auparavant.
Les photos par millions que l'on prend grâce à son iFuk me font penser que nous avons toujours le choix entre la liberté de nager comme des fous dans un ciel éternellement pervenche ou de nous noyer tristement dans le gouffre mortel – mais pourtant recyclé éternellement – de la vie terrestre et de ses conditions telles qu'elles sont ici et maintenant, et telles qu'il est judicieux de les accepter sous peine de lutter toujours contre ceci ou cela...

Un journaliste trendy pourrait écrire (ou non – dans tes rêves !) :

Le talentueux photographe-écrivain, dont on découvre ici les magnifiques et tragicomiques clichés, nous prouve toute sa virtuosité singulière dans un monde en pleine mutation. L'énergie apaisante et bénéfique qui jaillit de ces images compense le maléfique à l’œuvre dans le Monde...

Einar Kleve
écrivain

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Bordélopolis

Ici Bordélopolis quelle claque
Comment dire comment ressentir
Chercher quelque chose, pas un cul-de-sac
Et surtout pas la politique ni ses sbires

EINAR KLEVE - Extrait de "LE FIEL ET LE MIEL" a paraitre en 2023
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