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Croquis du monde mutant

Vous ne lisiez pas de poésie ou si peu ?

Laissez-vous tenter par quelques zestes de poésie tragicomique à découvrir urgemment !

Extraits

Festival ska-punk-reggae à consonance étudiant/alternatif/cool/rebelle

Pris dans les remous d’un festival où tu vas jouer
Tu sens le stress monter en toi
Le son assourdissant des enceintes bariolées
Est concocté par les bons soins du DJ rasta

Festival de musique étudiant
C’est un travail à plein temps
Foison de décibels et d’agitation
Ou tout l’art de créer un bon son                     Trop mortel !

Bouchons dans les oreilles, le must
Obligatoires sinon sifflements assurés
Comme ces entreprises nommées trusts
Dont les rares rebelles sont évacués

L’ingé son Abra est aussi rasta
Il est paumé et mixe au Cadabra
Quand il place les micros de la batterie
Je ressens chez lui un brin de nostalgie

*

Écoutant ces musiciens râpant, raclant, grattouillant
Triturant la basse, la batterie et les guitares
Brutes et acides
Me laissant bercer par cette explosion de rocs
Vrombissante machine me bourdonne le cerveau
Telle une excitation primaire abondante et tenace
Revivifiée dans le sillage de mes seize ans
Et vingt ans plus tard, l’écoutant toujours avec joie
La voix rauque et chaude en même temps
La rythmique puissante et le flux dynamique

Je me sens revivre
Malgré la noirceur de certaines chansons
Où transparaissent la douleur, la vie, la mort
À foison

Le Grand Festival dans la plaine
Chez les Flamands
Tel un grand bal ado-laissant
Faux cow-boys sans lasso
Tenus en mille laisses
Délaissant la chimère 69 pour deux mille et des poussières
S’auto-flagellant de monde mondé
Les sponsors en fête, on ne pouvait pas les louper
Claire comme l’éclair
La compagnie technophile magnétique Proxistar
Présentait un stand bourdonnant
De moult activités féeriques et lunaparkiques
Avec cent mutants vêtus de rose et de bleu
Tels de gros bébés Brave New World

Comme des bestiaux nous étions entrés
Tendant notre billet aux préposépressés
Nous voyant menottés et promptement cachetés
Par un bracelet semi-électronique
Mais dûment homologué
Nous sommes entrés sur le terrain jonché du plein de rien
Plastiques et astiqués, en attendant les Plastic Bertrannettes
Un autre bourdonnement plus fort celui-là
Perceptible quand on levait la tête vers les carrés gigantesques
Arborant des visages tordus, des micros noirs, des papatatouages
À la limite du grotesque