Promo !

Le Fiel et le Miel

« Tout écrivain est d’abord et essentiellement un traducteur – le déchiffreur d’une parole étrangère à lui-même et opaque à la quotidienne clarté où se meuvent ses pensées les plus avouables […]
C’est un désir, et peut-être le désir par-delà tout désir, que l’écriture, libérée de son poids de faute radicale, soit, une fois au moins, chez un homme, dans le visage duquel je me plongerai comme dans un miroir, une composante essentielle de la sainteté. Une écriture exorcisée, dégagée de ses attaches premières avec le péché, une écriture innocente, vide des conflits de l’existence individuelle, nettoyée de toutes les enflures vaniteuses du moi, une écriture, enfin, qui serait sans histoire, sans intention et qui aurait la mythique simplicité de l’enfance ! »

Claude Louis-Combet
L’enfance du verbe, éd. Flammarion, coll. essais-textes,
1976, pages 12-14.

Extraits

 

Star System of a Down

Catalogues remplis de gloires agitées
Presse livres émissions télévisées
Nous voyons déferler des stars dociles
N’ayant pu chasser les paparazzi de leur domicile
Narcissisme arrogant quoique feutré
Nous demeurons piégés du climat de la publicité
Oppression malsaine et désespérante
Les employés se réfugient dans leurs bureaux d’amiante
Hallucinantes toutes ces célébrités
Dictionnaire encyclopédie Larousse illustré
Eh oui une par une toutes encodées
Gala Voici plateaux lustrés
Pourquoi ne pas vivre ma vie à moi
Au lieu de fantasmer sur ces destins tragiques
Pourquoi ne pas croire en ma Voie
Au lieu de me prosterner devant ces ombres maléfiques

Et ça r’commence

(Printemps 2021)
Je suis fort aise de r’trouver
Toutes ces habitudes presqu’oubliées
Les klaxons ont bercé mon enfance
Mon adolescence et mon adultité
Oh que je t’aime toi vie moderne
Et progressiste et bienveillante
Et inclusive et tolérante
Et palpitante
Et chiante
Je suis fort aise d’vagabonder
Au gré des vents et des marées
Avec ma belle toute pimpante
Telle une offrande bien croquante
Je suis fort aise de r’trouver
Toutes ces habitudes bien négligées
La grisaille les cacas la pluie
M’enchantent et me bercent
Jamais finis
Oh que je t’aime toi vie moderne
Grand-guignolesque
Cul-politique
Sanguinolente
Et barbante
Je suis fort aise d’vagabonder
Dans les rues et cafés désertés
Pleins de virus très méchants
À commencer par le pois chiche
Dont se prévalent les mutants
Je suis fort aise de r’trouver
Toutes ces habitudes bien ancrées
Les étrons ont bercé mon caleçon
Mes angoisses
Et ma tronche
De vieux garçon
Oh que je t’aime toi vie si belle
Et matérielle et spirituelle
Et fun et tolérante
Et clapotante
Et chiante !